Une industrie en question…

Edito
30/05/2017

Le billet d'humeur d'Yves Thuriès - juin 2017, Thuriès Gastronomie Magazine n°290

Depuis quelques années, les abattoirs sont régulièrement pointés du doigt concernant des pratiques tout à fait discutables en termes de respect animal. Les témoignages vidéo accablants montrant cet état de fait se multiplient sur les réseaux sociaux et créent l’effroi auprès de nombre d’associations et de consommateurs.

Il est bon de rappeler que l’abattage animal en France est réglementé par diverses directives prenant en compte toute la chaîne d’abattage, allant des conditions de transport jusqu’à la mise à mort de l’animal. Afin d’assurer un niveau de souffrance et de stress, que l’on espère minimal, l’étourdissement est obligatoire sous divers procédés laissés à la discrétion des abattoirs. L’abattage rituel, lui, est sujet à une dérogation à cette règle sous réserve d’une accréditation des organismes religieux compétents.

Sans entrer dans une guerre des chiffres sans fin, en juin 2016 Stéphane Le Foll, alors ministre de l’Agriculture annonçait que l’abattage rituel impliquait 15 % des bovins et 27 % des ovins. Or, les pratiques religieuses imposant cette mise à mort des animaux ne concerneraient qu’environ 11 % de la population française.

Bien qu’une partie de cette viande doive probablement être destinée à l’exportation, le différentiel entre le niveau d’abattage rituel et la part de la population concernée reste très important et de ce fait, sujet à interrogations. Aussi, les doutes sont nombreux quant au respect de l’obligation de « justifier des commandes commerciales » pour abattre selon les méthodes rituelles et les contrôles qui devraient en découler de la part des organismes d’État. 

La problématique dans cette industrie est alors double :

- les souffrances animales aussi bien dans l’abattage traditionnel que rituel comme le dénonce notamment l’association L214.

- la tromperie au consommateur puisqu’il apparaîtrait qu’une partie des viandes issues d’abattages rituels se retrouverait dans le circuit traditionnel (après transformation) sans l’estampillage « Halal » ou « Casher ».

 

Encore une fois, il semblerait que des intérêts économiques privés soient favorisés au détriment du respect des êtres vivants, ce qui pourtant s’avérerait logique dans une société qui se dit « évoluée ». Et tout cela au préjudice également du consommateur qui finalement ne sait plus ce qu’il a dans l’assiette.

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