BALADE DANS LES VIGNES : LE BORDELAIS… SUITE

13/05/2022

Les appellations Entre-Deux-Mers, Bordeaux et Bordeaux supérieur constituent la dernière étape de notre périple bordelais. Bordeaux (blanc, rouge et rosé ainsi que le clairet) et bordeaux supérieur (rouge et blanc) couvrent l’ensemble du vignoble bordelais et se différencient par des cahiers des charges distincts. L’Entre-Deux-Mers bénéficie, quant à elle, d’une zone délimité

 

L’Entre-Deux-Mers est un vaste plateau calcaire parcouru par nombre de rivières qui ont creusé des vallées, lui conférant ainsi son relief vallonné. Il en résulte une multitude de variations de sol en fonction de leur position sur les coteaux, les plateaux ou en fond de vallée

 

 

 

 

 

 

BORDEAUX, SUPÉRIEUR OU NON, BLANC, ROUGE ET ROSÉ

Si l’on peut produire du vin d’appellation bordeaux sur l’ensemble du vignoble bordelais délimité par l’INAO, une part très importante provient de l’Entre-Deux-Mers. Ce n’est, en effet, pas seulement une appellation mais aussi une sous-région du vignoble. Et quelle sous-région ! c’est la plus vaste et probablement la plus belle. Elle est délimitée par la rive droite de la Dordogne au nord, la rive gauche de la Garonne au sud et le Bec d’Ambès à l’ouest, lieu où se rejoignent les deux fleuves pour former la Gironde. Sur le plan du climat, la pluviométrie est inférieure à celle des vignobles plus proches de l’estuaire et de la mer comme le Blayais, le Médoc et les Graves. Il faut en outre noter l’importance de l’influence des mascarets, ces vagues qui remontent la Garonne et la Dordogne lors des grandes marées. C’est d’ailleurs les marées à l’origine de ce phénomène qui ont donné son nom à la région, « entre deux marées ».

 

On peut distinguer 4 types de sols décrits dans le cahier des charges de l’appellation Bordeaux :

― les terres argilo-calcaires et les terres marneuses calcaires, très répandues sur les pentes des coteaux, où s'exprime très bien le merlot.

― les terres siliceuses mêlées d'argiles et d'éléments calcaires, parfaites pour le merlot et le sauvignon blanc ou gris, par exemple.

― les " boulbènes ” à éléments siliceux fins, constituants des sols plus légers, adaptés à la production de vins blancs secs.

― les terres graveleuses, composées de graviers, de quartz roulés et de sables plus ou moins grossiers, qui constituent des terrasses bien drainées, chaudes et parfaites pour la vigne et le cabernet-sauvignon en particulier.

 

Selon la nature de chacun de ces ensembles géo-pédologiques et tenant compte des micro-climats, les viticulteurs ont sélectionné depuis des décennies voire des siècles les cépages les plus adaptés. C’est précisément cette interaction entre l’homme et la nature qui est à l’origine de la notion de terroir. Un ensemble sol, sous-sol, climat, si favorable à la culture de la vigne soit-il, n’est rien sans la mise en valeur de l’homme. Voici ce qu’écrivait le grand géographe Roger Dion dans « l’Histoire de la Vigne et du Vin » : « Il est hors de doute que, dans le choix de ses emplacements de prédilection, la viticulture de qualité a, autant que le permettait le climat, fait prévaloir les exigences du commerce du vin sur celles de la culture de la vigne. Ce qu’il convient de comprendre dans cette citation, c’est la part fondamentale qu’a l’homme dans la mise en valeur d’un vignoble. Autrement dit, il existe bien de nombreux terroirs aptes à produire des beaux vins en dehors de ceux déjà reconnus. Le bordelais et l’Entre-deux-Mers en fournissent régulièrement la preuve à l’amateur curieux qui se risque en dehors sentiers battus.

 

QUELQUES MOTS SUR LE STYLE DES VINS

Les blancs de l’Entre-deux-Mers sont très majoritairement issus de l’assemblage de sauvignon blancs et gris complétés par une proportion plus ou moins faible de sémillon et plus rarement encore de muscadelle. La prédominance de sauvignon confère un style frais voire vif aux vins blancs de l’appellation. Ce sont souvent de délicieux vins rafraichissants et digeste parfaits à l’apéritif, sur des poissons ainsi que certains fromages. Mes préférés se trouvent chez les vignerons qui ne tombent dans un certaine vulgarité aromatique caractérisée par des notes saturantes et encombrante de pamplemousse et autres notes exotiques.

 

Le clairet est une spécialité typiquement bordelaise malheureusement en voie de marginalisation. Les causes de ce désamour sont multiples mais j’en vois deux principales : La dilection particulière des consommateurs pour les rosés palots, tout juste bons à être mêlés de glaçons et la médiocre qualité d’une production de masse qui a découragé les plus fervents amateurs. Il y a toutefois des raisons d’être optimiste. On trouve encore, ça et là, d’excellents clairets dont les vignerons constatent un début de regain d’intérêt chez leurs clients. Le style de ce vin se situe entre le rosé et le rouge léger. Son fruité inimitable nous plonge dans une corbeille de fraises des bois bien mures, de framboises écrasées et de groseilles. La texture est tendre sans être molle, sensuelle et enrobante sans être lourde. Une merveille à découvrir.

 

Les rouges vont du vin de soif léger et gouleyant au vin structuré capable d’affronter sereinement quelques bénéfiques années de garde. C’est dans ce large éventail que réside l’intérêt de cette sous-région. Les plus belles parcelles comme, par exemple, celles situées sur les calcaires à astéries similaires à ceux du plateau de Saint Emilion, donnent de très beaux vins de garde à des prix qui sont restés très sages.

 

 

 

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