Longtemps cépage majoritaire de la région, il n’a dû sa renaissance qu’à une poignée de vignerons, conscients de l’excellence de leurs terroirs. Un travail de longue haleine qui permet aujourd’hui de déguster des vins profonds et intenses, capables d’une bonne garde.
C’est en Alsace que le pinot noir montre sa version la plus septentrionale de l’Hexagone. L’histoire du cépage se confond avec celle des monastères clunisiens et cisterciens qui contribuèrent à sa diffusion, d’abord en Bourgogne, avant qu’il ne soit introduit en Alsace. Si plusieurs vignobles sont implantés dès le XIIe siècle sur toute la longueur de la région, c’est au XIVe que la culture du pinot noir prend de l’ampleur, en partie grâce à Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, qui rédige une ordonnance qui préconise l’utilisation du pinot noir pour élaborer des vins de qualité. Son échanson, Maximin Ier de Ribeaupierre, devenu administrateur de l’Alsace pour l’Autriche en 1406, en fera son affaire et ses descendants deviendront les meilleurs ambassadeurs des vins rouges alsaciens. En 1575, le Burgunder rote, ou pinot noir, devient même l’un des seuls cépages autorisés par le magistrat de Riquewihr dans son Ordonnance sur la viticulture. Mais la production va décliner au fil des siècles au profit des cépages blancs, jusqu’à quasiment disparaître dans les années 1960. Le pinot noir ne représente alors plus que 2 % de la production régionale. Mais la mise en place de l’appellation d’origine contrôlée va cependant assurer sa renaissance, car le pinot noir est le seul cépage rouge autorisé par le cahier des charges. On retrouve alors sur les tables alsaciennes des vins rouges légers, certes fruités, mais sans ampleur. Il faudra attendre les années 2000 pour que des vignerons décident de produire de grands vins rouges de garde, charpentés et intenses. L’énergie et l’entêtement des producteurs ainsi que le souci de sélectionner du matériel végétal de qualité, issu de sélections massales, et la sélection de grands terroirs signent le retour en grâce du pinot noir, qui représente aujourd’hui 10 % de la production régionale. Plus que jamais, les rouges d’Alsace prouvent leur profondeur et leur intensité, accompagnées d’une énergie particulière.
|
Thuriès Magazine Recevez chez vous vos 6 magazines par an et bénéficiez d'un accès exclusif à votre espace abonnés incluant : -Des milliers de recettes de plus de 350 chefs avec leurs procédés détaillés (avec moteur de recherche multi-critère) -Vos magazines en version numérique (PDF & Visionneuse) pour nous suivre sur tablettes et smartphones -La galerie photo de nos reportages
|